Les données de 2023 sont particulièrement préoccupantes, bien que malheureusement peu surprenantes. La montée des taux d'intérêt, le surendettement des entreprises, la fin des aides Covid et la levée du moratoire de l’Urssaf... De nombreux signes laissaient présager une accélération des liquidations judiciaires en France, avec d'importantes pertes d'emplois en perspective », commente Anthony Streicher, président de l'association GSC, soulignant qu'en 2023, chaque jour, 31 chefs d'entreprise franciliens se retrouvaient au chômage.
Même les dirigeants chevronnés, à la tête de leur entreprise depuis en moyenne sept ans, ont été touchés.
Impact sur l'ensemble de l'Île-de-France
Cette augmentation du nombre d'entrepreneurs se retrouvant au "chômage" affecte l'ensemble de l'Île-de-France. Paris est le département le plus durement touché, représentant près d'un tiers des pertes d'emplois de la région (3 431).
Le Val-de-Marne enregistre la plus forte augmentation, avec une hausse de + 51,5 % du nombre d'entrepreneurs ayant perdu leur activité en un an. En Seine-Saint-Denis, 1 730 entrepreneurs sont touchés par la perte d'activité (+ 39,2 %).
Pas moins de 1 666 chefs d'entreprise se sont également retrouvés sans emploi en Seine-et-Marne, soit une hausse de 33,2 %. Ils sont 1 037 dans les Hauts-de-Seine (+ 38,3 %). Les Yvelines et l'Essonne comptabilisent respectivement 895 (+ 33 %) et 778 (+ 37,5 %) chefs d'entreprise ayant perdu leur activité professionnelle. Le Val-d'Oise affiche le taux d'augmentation le plus faible, avec 848 dirigeants touchés, soit 22,9 % de plus qu'en 2022.
Une population mature touchée
Les dirigeants concernés avaient en moyenne 47,1 ans dans toute la région. À Paris, cet âge moyen atteint même 48,7 ans. La perte d'activité touche donc une population mature, pour laquelle rebondir professionnellement sera plus difficile.
Près de sept entrepreneurs sur dix ayant perdu leur emploi en 2023 dirigeaient une entreprise de moins de trois salariés. Ces chiffres confirment la grande vulnérabilité des entrepreneurs à la tête de petites structures, selon l'observatoire.
"Depuis deux ans, je n'ai de cesse d'alerter sur cette réalité et sur la nécessité d'informer les chefs d'entreprise sur les solutions face à la perte d'emploi. L'inaction ne doit plus être une option", souligne Anthony Streicher.
La moitié des pertes d'emploi dans la construction et le commerce
Près de la moitié des pertes d'emploi enregistrées dans la région se concentrent dans les secteurs de la construction et du commerce. Les dirigeants du secteur de la construction ont rencontré de grandes difficultés, avec 2 763 personnes touchées, soit une augmentation de 37,4 %. L'inflation a durement frappé le commerce de détail, avec 1 174 dirigeants touchés.
Dans le secteur de l'hébergement, de la restauration et des débits de boissons, 1 305 personnes ont perdu leur emploi. La restauration représente plus de 90 % des dirigeants impactés dans ce secteur.
"Certains secteurs comme le bâtiment pourraient connaître une reprise, mais l'année 2024 s'annonce tout aussi difficile et devrait nous amener à réfléchir sur le devenir de ces hommes et femmes", ajoute Anthony Streicher, soulignant qu'il est crucial, pour préserver l'économie, de "penser d'abord à protéger ceux et celles qui créent nos richesses et nos emplois sur nos territoires".